Docteure en littérature française et comparée (Paris Cité, 2022), directrice artistique, accompagne des élèves depuis 15 ans du collège au supérieur. Excellents résultats garantis.

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• Depuis quand développez­-vous un intérêt pour votre discipline et pour les cours particuliers ?

  Je suis une dévoreuse de livres précoce, une "littéraire" dure, peut être parce que j'ai grandi dans un environnement particulièrement propice : mes parents m'ont coupée de la télé et je me suis réfugiée dans la bibliothèque, que je n'ai jamais quittée. Mais aussi, je le crois, parce que je suis incorrigiblement curieuse, que je n'aime rien de plus que me raconter des histoires, et qu'on m'en raconte. J'ai commencé à donner des cours particuliers dès ma première année à la fac, c'est à dire... Il y a dix ans. Je vivais à Berlin et une voisine m'a demandé d'aider son fils, qui étudiait au lycée français, en philo et en lettres. J'ai découvert la passion de la transmission à ce moment là : enseigner, c'était à la fois un prétexte excellent pour apprendre davantage, et une occasion merveilleuse de partager mon enthousiasme et de le propager. J'ai adoré cette expérience, mon élève aussi... Et depuis, je n'ai jamais cessé de donner des cours.

• Dites nous-en davantage sur la matière enseignée, sur les thèmes que vous appréciez aborder avec les élèves (et éventuellement ceux qui vous plaisent un peu moins) !

  Dans l'enseignement du Français, il y a la langue et la littérature. Si je veux que mes élèves soient excellents, je ne peux pas négliger la grammaire et l'orthographe au profit de l'analyse des textes et de l'histoire littéraire. Mais cela va sans dire, et l'apriori est partagé de façon quasi-unanime, la deuxième discipline est beaucoup plus appétissante que la première... Du moins c'est ce que je croyais jusqu'à ce que j'enseigne le Français, langue étrangère, dans une université américaine (UPenn). C'est à Philadelphie que j'ai commencé à apprécier enseigner la grammaire et l'orthographe, parce qu'en réalité cela m'a énormément appris sur ma propre langue. Objectiver les mécanismes de sa langue maternelle, c'est d'une certaine manière prendre conscience de notre façon de réfléchir. Chaque langue est une structure de la pensée, elle porte les traces de l'Histoire de la civilisation. Comprendre l'usage du subjonctif par exemple, c'est noter que nous dissocions radicalement l'émotif du rationnel. Disséquer les mots, connaître leur étymologie, comprendre comment leur sens s'est transformé, c'est apprendre qu'une langue renferme une multitude d'autres langues sur lesquelles elle s'est construite. C'est s'ouvrir au monde, c'est s'initier aussi je crois, à la poésie (du grec poiêsis, littéralement, "créer").

• Parlez-nous de vos modèles, que ce soit un professeur qui vous a marqué ou encore une oeuvre qui vous a inspiré !

  J'aime énormément Albert Camus. Peut être que c'est l'un des rares écrivains dont le raisonnement philosophique m'émeut profondément, qui arrive justement à faire se rejoindre l'émotif et le rationnel. Dans Le Premier Homme, son roman autobiographique inachevé, il fait une peinture saisissante d'un professeur des écoles qui a marqué son enfance en Algérie, et a déterminé aussi sa carrière d'écrivain. L'image de ce professeur, à la fois exigeant et bienveillant, irrémédiablement passionné, qui porte contre vents et marées l'avenir d'enfants délaissés, et le rend possible, est bouleversante. Enseigner n'est pas un travail comme les autres, et peu en ont la vocation. Mais lorsqu'on a la chance de croiser sur son chemin l'un de ceux, ou de celles, qui consacrent leur vie à cet art de la transmission, la nôtre peut s'en trouver transformée. Il a fallu que je rentre à l'université pour avoir la chance de faire une telle rencontre...

• Quelles sont, selon vous, les qualités requises pour être un bon expert dans votre domaine ?

  Beaucoup d'écoute, de patience, d'enthousiasme, d'exigence... et un certain sens de la stratégie ! La littérature entre aujourd'hui en concurrence avec beaucoup de médiums qui ont aussi leur charme propre. Mes élèves m'avouent souvent préférer jouer aux jeux vidéos ou regarder des séries que de se plonger dans un bon livre. Tout notre rôle est de leur montrer que l'on trouve dans un bon roman, dans un beau poème, dans une belle pièce de théâtre, des qualités intraduisibles dans un film, dans un jeu : entrer dans la tête d'un personnage par exemple, ça ne passe pas au cinéma. Partager avec une foule de spectateurs, en même temps, la magie et le bouleversement que peut opérer un spectacle d'exception, ça n'arrive qu'au théâtre. Et je défie quiconque de parvenir à rendre dans un jeu vidéo la beauté qui se dégage de ces vers d'Apollinaire (Zone) : "Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule / Des troupeaux d'autobus mugissant près de toi roulent / (...) Tu te moques de toi et comme le feu de l'enfer ton rire pétille / Les étincelles de ton rire dorent le fond de ta vie / C'est un tableau pendu dans un sombre musée / Et quelquefois tu vas le regarder de près." Le langage a un pouvoir que l'image n'a pas seule : il en est la fabrique. Mon rôle, c'est de le prouver aux étudiants. Et c'est une arme dont ils se serviront toute leur vie.

• Une anecdote en rapport avec votre métier ou votre scolarité à nous raconter ?

  J'étais une bonne élève (surtout en Français) mais je n'aimais pas l'école, je m'y ennuyais trop. Et maintenant je n'ai qu'une hantise lorsque j'enseigne : c'est d'ennuyer mes élèves!
  
  Vous pouvez maintenant nous rassurer et nous avouer que vous aussi, vous avez déjà connu des difficultés à l’école…
  
  Pour m'intéresser à certaines disciplines, oui. Les maths m'ont parfois amusée, je n'étais pas du tout mauvaise dans les matières scientifiques (contrairement aux clichés des "littéraires"), mais je n'ai jamais eu de passion pour le calcul mental. Sans doute aussi une question de profs ?

• Aidez-nous à vous connaître un peu mieux en évoquant vos passions (que vous partagerez peut-être un jour via Superprof).

  Par où commencer? L'écriture, que je pratique sous toutes ses formes. La mise en scène, dont j'ai un peu d'expérience, c'est une incomparable aventure humaine. Je voyage aussi dans le cadre de ma recherche, et les rencontres humaines et artistiques que j'ai faites ont parfois fait basculer ma vision du monde.

• Qu’est-ce qui fait de vous un Superprof (en plus d’avoir répondu à cette interview 😊) ?

  C'est à mes élèves de le dire...